Un Premier ministre béarnais, seul Louis Barthou l’a déjà été. François Bayrou, nommé vendredi 13 décembre, a la lourde tâche de sortir la France du marasme actuel. Son arrivée à Matignon est aussi un atout indéniable pour l’écosystème local.

Je n’ignore rien de l’Himalaya qui se dresse devant nous, des difficultés de toute nature. Ma ligne de conduite sera de ne rien cacher, rien négliger et rien laisser de côté ». Lors de la passation de pouvoir avec Michel Barnier, François Bayrou a montré qu’il était prêt à endosser le poste de Premier ministre dans une situation politique inédite.

Un moment historique pour le Béarn puisque le maire de Pau suit la lignée de l’Oloronais Louis Barthou qui avait occupé la fonction de Président du Conseil des ministres en 1913. Sa mission première sera évidemment de gouverner la France en ces temps incertains.

« Ce sera très difficile. Mais François Bayrou est un Pyrénéen et un homme d’État expérimenté », décrit Monique Sémavoine, Maire de Mazères- Lezons et 1re vice-présidente de l’Agglo. « Il a le courage, la force et la volonté de tout donner pour sortir notre pays du marasme généralisé et des divisions mortifères. Il sait qu’on ne gravit ni l’Ossau ni l’Himalaya en courant sans réfléchir, mais en marchant avec endurance d’un pas ferme et régulier, propice à la méditation. »

S’il ne pourra pas privilégier le Béarn, François Bayrou sera sans aucun doute le meilleur ambassadeur. Il saura faciliter l’avancée des dossiers importants pour le Béarn et l’écosystème local.

Un appui pour les filières

« J’ai de l’espoir pour notre secteur car François Bayrou est un maire bâtisseur qui connaît les caractéristiques du BTP et qui l’a démontré. Il est aussi un des seuls Premier ministre à avoir exercé toutes les fonctions au niveau local. Il fait preuve de pragmatisme et de bon sens », note Sébastien Labourdette.

Le président de la Fédération départementale du BTP a déjà travaillé sur les forts enjeux du secteur avec François Bayrou : relancer la filière logement qui est à l’arrêt et redonner aux collectivités la capacité d’investir dans la décarbonation et la transition énergétique.

La fiscalité des entreprises

Du côté de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), le discours est similaire. Son président Didier Laporte parle « d’un homme qui a eu des résultats à Pau, qui a su rénover le centre-ville et réduire la vacance commerciale. »

Il espère qu’en tant que Premier ministre, François Bayrou va s’attacher à maintenir « une stabilité fiscale et sociale pour les sociétés et qu’il voit que l’avenir du pays passe par une croissance venant des entreprises. » Le projet de loi des finances avançait notamment une baisse de la taxe CCI qui finance ces chambres consulaires.

La chimère des transports

La question brûlante et importante des transports n’est pas oubliée. L’aéroport Pau-Pyrénées est le premier exemple qui vient en tête. François Bayrou, en personne, avait annoncé fin octobre la préférence de l’État pour une obligation de service public (OSP) partagée avec l’aéroport de Tarbes- Lourdes après la fin de l’actuelle en 2026 et une continuité dans la liaison directe vers Orly jusqu’à cette date.

Deux très bonnes nouvelles qui éloignaient le spectre d’un enclavement du territoire. Or, les pourparlers sont encore en cours entre Air France qui gérait cette liaison, via Transavia, et d’autres compagnies aériennes pour assurer sa continuité.

François Bayrou, très présent sur ce dossier ces derniers mois, ne devrait pas céder sur ce terrain. Didier Laporte le voit « comme un appui pour la dynamisation du territoire ». Sans oublier la LGV Bordeaux-Dax qui permettrait de rallier Paris en train en moins de 4 heures. Une aubaine pour les chefs d’entreprise et les professionnels, à confirmer.

Clarté et visibilité attendues

Pour Nathalie Larroutis, la présidente du Medef Béarn et Soule, le nouveau Premier ministre est une personne « d’expérience et de dialogue qui a une bonne connaissance du tissu local ». Elle attend la formation du nouveau gouvernement et espère qu’il « amènera visibilité, clarté aux entreprises pour qu’elles puissent investir et recruter. »

Le monde agricole est également en attente. Le dernier projet de loi de finances proposait des avancées notables (25 meilleures années pour la retraite, exonérations fiscales sur le carburant, exonérations sociales sur la main-d’oeuvre occasionnelle…). Bernard Layre, président de la Chambre départementale d’agriculture, souhaite continuer sur ce chemin avec « une personne d’un très bon niveau, d’expérience et dont il espère qu’il réussira à sortir le pays de l’ornière. »

Monique Sémavoine résume finalement le sentiment général en une phrase : « beaucoup de Béarnais sont très fiers de la nomination de François Bayrou comme Premier ministre. »

Photo : © Abaca Press