Alain Paillet, Banque alimentaire Béarn et Soule
La banque du cœur

Alain Paillet vient de prendre ses fonctions de président bénévole de la Banque alimentaire Béarn et Soule. Il souhaite poursuivre l’oeuvre de son prédécesseur Jean-Bernard Casenave : être un acteur essentiel dans l’accompagnement social et développer de nouveaux projets pour assurer l’avenir.

Il est 9 h 30. Les locaux de la Banque alimentaire Béarn et Soule se sont transformés en véritable « ruche ». Les camions arrivent avec les denrées collectées dans les grandes surfaces partenaires. L’organisation entre les bénévoles est millimétrée : décharger, trier les produits et préparer les commandes pour les associations qui viendront les chercher dans la matinée.

En recul, le président Alain Paillet déclare avec un sourire en coin : « On est une PME à diriger avec toutes ses composantes. Notre trésorier Pierre Bourdalé-Dufau a fait une évaluation de notre impact économique. Nous sommes comparables à une société de 21 salariés et 7 millions d’euros de chiffre d’affaires ! »

Depuis quelques jours, l’homme a pris la suite de Jean-Bernard Casenave. Sa carrière au Crédit Agricole, où il était en charge de développer l’activité avant de basculer sur l’impact de la transformation digitale, lui est très utile pour diriger cette locomotive. « En 2023, on a distribué plus de 1 100 tonnes de denrées, servi 2,4 millions de repas pour 19 000 personnes. Avec nos collègues de Bayonne, nous délivrons les deux tiers de l’aide alimentaire des Pyrénées-Atlantiques. »

L’humain avant tout

Car la Banque alimentaire Béarn et Soule joue un rôle central, celui d’intermédiaire. Grâce à ses équipes commerciales, elle noue des contrats avec des agriculteurs, des maraîchers, des acteurs de la grande distribution, l’industrie agroalimentaire pour collecter les dons de produits. Ensuite, après les avoir récupérés, elle les donne à 43 associations. « Elles sont toutes agréées parce qu’au-delà de l’aide alimentaire, nous devons être dans une logique d’accompagnement des bénéficiaires grâce à l’action des travailleurs sociaux », définit Alain Paillet. Par exemple, grâce à une subvention de l’Agence Régionale de Santé, une diététicienne intervient dans les associations pour apprendre à mieux s’alimenter. Un sujet qui touche davantage les familles défavorisées.

L’organisation s’appuie également sur un groupe de 218 bénévoles. Des sourires, la joie de vivre, le don de quelques heures à une bonne cause et un vrai esprit d’équipe ressortent instantanément. « Sans eux, je ne servirai pas à grand-chose », avoue le président. « Tous les matins, c’est un renouvellement d’énergie. C’est notre ADN. ».

La Banque alimentaire Béarn et Soule a également sept salariés dont quatre en contrat d’insertion.
« Certains ont eu des parcours difficiles mais ils ont de grandes qualités et un vrai engagement dans le travail », ajoute Alain Paillet. Il loue également le travail du Mouvement des Entreprises pour une Solidarité Alimentaire (MESA). Une centaine de sociétés locales apporte leur aide, notamment sur des investissements qui peuvent permettre d’augmenter la capacité d’intervention sur le territoire. « C’est un vrai partenaire qui nous légitime. Il nous appuie, nous soutient. On a une relation humaine forte et une transparence dans la manière de travailler. J’ai régulièrement le président Christian Hière au téléphone pour avoir la meilleure coopération possible. »

Le don en priorité

Aujourd’hui, grâce à cette organisation solide, la Banque alimentaire Béarn et Soule se porte bien. Ses nombreux partenaires répondent présent, notamment la grande distribution. Néanmoins, depuis le Covid, la structure a dû se résoudre à effectuer des achats pour compléter les produits manquants (oeufs, yaourts, viande…). En trois ans, la part d’achat dans les stocks est passée de 0 à 10 %. La tendance est à surveiller. «On est très vigilant car acheter revient à être sur les prix du marché. Acheter permet de rechercher l’équilibre alimentaire idéal. Maintenant, on doit maîtriser nos budgets parce qu’on vit principalement de l’argent public.»

La Banque alimentaire Béarn et Soule cherche des solutions. Elle lance actuellement Proxidon. Ce projet vise à mettre à disposition des produits aux associations, directement pour des donateurs de proximité. Une personne dédiée va gérer une plateforme de rapprochement entre les différentes parties. « Le but est de prolonger notre culture du don et d’améliorer la qualité des produits servis. On peut espérer 3 à 4 % de stock supplémentaire, ce qui n’est pas négligeable », espère Alain Paillet.

Renforcer sa structure

L’expérience Proxidon montre que la Banque alimentaire Béarn et Soule est à l’aube de nouveaux défis. Des pistes de travail ont déjà abouti ou sont sur la table : l’installation récente d’une nouvelle chambre froide, la collaboration future avec de nouveaux donateurs (traiteurs, détaillants…) pour récupérer des produits non écoulés, une potentielle chaîne de valorisation, à l’instar de ce font d’autres banques.

Une des solutions pourrait venir de la Fédération Nationale des Banques Alimentaires. En février 2023, elle a été reconnue d’utilité publique. Ce statut devrait, par ruissellement, bénéficier aux banques. « On n’a pas encore tous les éléments », temporise Alain Paillet en bon gestionnaire. « Si cela se concrétise, des moyens supplémentaires pourraient nous être alloués. ». Mais la clé, le président l’a déjà en main : l’humain.

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