Depuis 1963 et sa première mise en bouteille, la famille Laplace a fait son chemin dans le monde du vin. Aujourd’hui, la quatrième génération de vignerons, incarnée par Camille, Grégory et Bastien, célèbre le 10e anniversaire de la cuvée phare du domaine : « Les 2 Vaches rouges ».

Des champs de vignes à perte de vue et une grande maison, avec grange, qui renferme un siècle d’histoire. La famille Laplace est installée à Aydie depuis plus de cent ans où le Madiran est devenu l’institution, obligeant même la polyculture, incontournable du domaine, à peu à peu disparaître.

« Ce vignoble, on y a tous grandi, c’était notre terrain de jeux », lance Camille Laplace, une des responsables de la nouvelle génération, revenue aider au vignoble en septembre 2019 avant de devoir repartir à Paris début 2020. (Mal)heureusement, le COVID pointe le bout de son nez, son affectation à Paris n’est plus d’actualité. Le poste de gestionnaire des finances et administratif étant libre au domaine, Camille le reprend. Elle rejoint son frère Grégory, à la production, et Bastien, son cousin qui gère le commercial.

« On ne voulait pas revenir pour revenir. Nos parents étaient à bout de souffle, nous voulions faire perdurer l’histoire de notre famille. » Petit à petit, François, le père de Grégory et Camille, président de la structure, laisse la nouvelle génération prendre sa place.

Stabiliser l’entreprise

Après avoir créé trois cuvées en un an, repositionné des gammes, changé de communication lors du confinement, réorganisé l’entreprise et constitué une nouvelle équipe… l’heure est désormais à la stabilisation du côté du château d’Aydie. « Nous sommes très bien établis en Béarn. Maintenant, l’objectif est de renforcer notre présence dans le Sud- Ouest en allant jusqu’à Bordeaux et Toulouse, mais aussi à travers toute la France avec une stratégie commerciale définie », développe Camille Laplace.

Parmi les clients les plus fidèles, l’export occupe une place importante. François Laplace avait développé ce marché grâce à une société spécialisée dans la commercialisation à l’international.

Depuis plus de trois ans, la nouvelle génération a décidé de rétablir un contact direct avec l’ensemble de ses clients export afin de mieux y ancrer leur gamme. Et ce, malgré des contraintes de plus en plus difficiles à surmonter, notamment des taxes d’importation vertigineuses. Le trio reste optimiste sur le développement, convaincu qu’il dispose encore de solides opportunités pour renforcer l’implantation de sa gamme en France, grâce à un véritable réseau auprès des restaurateurs et des cavistes. Aujourd’hui, la famille Laplace commercialise 600 000 bouteilles par an.

Spécialité maison

La carte de visite : la cuvée des « 2 Vaches rouges », lancée par le papa François avec l’envie de faire rayonner le Béarn. Elle fête ses dix ans. « Il a eu l’idée en assistant à un match de la Section Paloise. En voyant les drapeaux béarnais avec les deux vaches rouges, il a eu un flash. C’est notre cuvée phare avec près de 70 000 bouteilles vendues par an, soit 10-15 % du chiffre d’affaires. Beaucoup de nos clients connaissent la cuvée avant le nom du domaine. »

Plus fantasque, elle en a impulsé trois autres, créant ainsi la gamme de la Basse-cour : « Les 3 petits cochons », « La poule aux oeufs d’or » et « Le vilain petit canard ». Une gamme qui marque les esprits et se démarque avec des étiquettes ludiques, dont on se souvient. « Nous voulions retransmettre l’éducation que nous avons reçue du vin : des moments de partage, de convivialité avec les amis, la famille. »

Le Tannat et le Madiran, une évidence

Chez la famille Laplace, tous les vins rouges et rosés sont 100 % Tannat, le cépage local et emblématique du Madiran. Le domaine l’utilise depuis toujours et souhaite le mettre en avant car il est encore trop méconnu en France. « C’est essentiel pour nous. Il est assez rare qu’un vigneron travaille un seul cépage avec autant de cuvées et de méthodes variées de vinification et d’élevage. Avoir ce cépage dans notre région est une véritable opportunité et nous souhaitons le faire découvrir à l’ensemble de nos clients », déclare Camille.

Les portes ouvertes, organisées en novembre dernier qui ont rencontré un franc succès, sont également l’occasion de mener un combat pour cette quatrième génération : enlever la vieille image du Madiran qui lui colle à la peau, celle d’un vin austère qui ramène à l’époque des grands-parents.

« J’invite toutes les personnes, qu’elles soient amatrices ou professionnelles, à venir découvrir ou redécouvrir les vins de l’appellation Madiran. Les temps changent : une jeune génération est aux commandes de nombreux domaines, des nouvelles méthodes de vinifications, des moments de consommation plus festifs… Aujourd’hui, les vins de Madiran se distinguent par leur fruit ! », plaide Camille Laplace. Avec son frère Grégory et son cousin Bastien, elle impulse cette dynamique à Aydie.