Une vingtaine de mandats en cours dans les institutions publiques, un nombre d’adhérentes en augmentation : l’association Femmes Chefs d’Entreprises Béarn, créée en 2018, assoit sa légitimité dans le paysage économique local. À l’image d’un entrepreneuriat féminin qui progresse.

Ce n’est sûrement pas un hasard ou il est bien fait : dans le nom de l’association nationale, il est bien écrit Chefs d’Entreprises et non Cheffes d’Entreprise. Comme pour affirmer qu’entreprendre n’est pas une question de genre, mais de volonté.

« Nous sommes dans une évolution logique des moeurs, souhaitée autant par les hommes que par les femmes », remarque Nathalie Terquem, présidente de Femmes Chefs d’Entreprises (FCE) Béarn depuis le début de l’année et co-gérante de la société GMT Conseil à Lescar.

Fondée en 2018, cette délégation, qui réunit 33 adhérentes, est une organisation interprofessionnelle, apolitique et non gouvernementale. De la profession libérale au bâtiment, de l’industrie à l’expertisecomptable, la majorité des secteurs d’activités est incarnée. « Nous représentons 300 salariés et 60 millions d’euros de chiffre d’affaires à nous toutes. Le choix d’une personne par métier est une volonté du nouveau bureau. Au sein des FCE, la confidentialité est de mise et favoriser la diversité, c’est favoriser la circulation de la libre parole. »

Donner confiance

Entraide, écoute et partage de compétences sont les trois piliers fondamentaux de la délégation. Une ligne de conduite pour que chaque membre performe et évolue individuellement dans une dynamique collective. Nathalie Terquem, avec ses qualités de rassembleuse, continue le travail entrepris par ses précédesseures. La mise en place de rendez-vous réguliers, formels ou informels, participent à nouer un véritable esprit d’équipe.

« Nous organisons des séances de travail entre midi et deux pour traiter d’un thème précis : être actrice de son bilan, optimiser la présentation de son budget trésorerie… Notre objectif : sans cesse nous améliorer. Nous avons également des petits déjeuners chez l’une d’entre nous, ainsi que des déjeuners improvisés. Ces moments suspendus dans des journées bien chargées nous permettent de mieux se découvrir. Ils servent aussi à échanger de manière régulière sur nos problématiques au quotidien. »

Derrière ces événements, il est question de confiance et de se faire confiance. Car ce qui caractérise le plus souvent les nouvelles adhérentes, qu’importe la taille de leurs entreprises, est la question de leur légitimité. « Les femmes souffrent toujours du syndrome de l’imposteur », décrit la présidente de FCE Béarn. « Nous ne sommes pas sur la même ligne de départ quand on crée une société, quand on va voir une banque. Un jour, une jeune femme ne savait pas si elle était légitime à intégrer notre délégation. Il s’agissait d’une question de légitimité, non face à un homme, mais en tant que chef d’entreprise. »

En lien avec les institutions

Chez FCE Béarn, la conviction est claire : faire tomber les barrières pour faire évoluer l’entreprenariat au féminin. « Les femmes sont les bâtisseuses de la citadelle de leur culpabilité. Nous n’y pouvons rien c’est le fruit de notre histoire sociale, sociétale et génétique ». Alors pas de lamentation, surtout de l’action. Notamment auprès des écoles, des entreprises et des institutions publiques. Chaque 4e jeudi du mois, une réunion est organisée avec des interlocuteurs d’instances territoriales : Tribunal de Commerce, Conseil des Prud’hommes, Banque de France, Chambre de Commerce et d’Industrie, France Travail…

« C’est important de connaître les institutions, ceux qui nous représentent sur le terrain. Et savoir à quelle porte toquer si un jour, nous avons besoin d’un conseil ou d’une aide », place Nathalie Terquem, tout en annonçant qu’une visite du siège de l’ONU à Genève sera organisée en 2025 après avoir déjà été à l’Assemblée nationale, au Sénat et au Parlement Européen.

Au-delà de la découverte, les FCE Béarn siègent surtout dans des Conseils d’Administration. 25 mandats au total : URSAAF, CPAM, MEDEF, CESER, CCI entre autres. Autant de points de reconnaissance pour les femmes qui entreprennent. « Ces portes d’entrées permettent d’être au courant de tout ce qui se passe mais surtout d’être actrices de notre territoire. Maintenant, accepter un mandat, c’est assumer sa régularité et ses contraintes. Nous avons une commission des mandats qui va surveiller leur renouvellement, réaliser un état des lieux de ce qui reste à pourvoir. Il y a du chemin, mais on est sur la bonne voie. »

La capacité d’oser

La délégation s’inscrit également dans un entrepreneuriat féminin qui prend en importance. Les porteuses de projets se fixent moins de barrières. Mieux, dans les visites d’écoles, les adhérentes FCE Béarn ont constaté que les lycéennes ont l’envie d’entreprendre. « Elles ont déjà cet objectif clair de créer leur propre société. Elles se sont déjà positionnées. Il y a également des femmes qui sont en reconversion professionnelle parce que c’est le temps de la remise en question. Beaucoup décident de sauter le pas. En fait, elles osent pour ne pas regretter », constate Nathalie Terquem.

La présidente et son bureau accompagnent ces autoentrepreneuses pour les faire progresser et les rassurer quand elles peuvent passer le cap supérieur, notamment sur l’embauche d’un ou plusieurs salariés. Tous ces facteurs devraient faire augmenter les effectifs de Femmes Chefs d’Entreprises Béarn. Une belle perspective même si Nathalie Terquem, avec le sourire, sort la carte du pragmatisme. « Nous voulons continuer à grandir, mais pas à n’importe quel prix. Le tout est d’être concernées ensemble ». Pour être invincibles, comme le dit le slogan de FCE.