Entre la jeune génération et les reconversions, les métiers de l’artisanat attirent. Si créer sa propre activité vient directement à l’idée, des entreprises solides sont pourtant en attente de repreneurs. La Chambre de Métiers et de l’Artisanat accompagne ces opérations qui sauvegardent des savoir-faire précieux.

Jean-Bernard Viven le reconnaît. L’artisan est « assez solitaire. Il faut lui faire lever la tête du guidon. ». Car la Chambre de Métiers et de l’Artisanat des Pyrénées- Atlantiques, dont il est le président, est un partenaire idéal pour les 23 500 professionnels sur le territoire. Pas uniquement pour les formalités quotidiennes, mais également pour des projets à plus long terme : l’apprentissage, la sauvegarde des savoir-faire, la création de sociétés… sans oublier leur transmission.

Une situation sur laquelle la CMA veut influer. Aujourd’hui, un quart des entreprises artisanales sont à céder. Au-delà de représenter une partie de la retraite de l’artisan, la transmission est la valorisation du travail d’une vie et de savoir-faire parfois uniques. Tout commence par l’information.

« Nous avons mis en place des partenariats avec les Agglo et les Communautés de communes pour leur donner connaissance des sociétés artisanales à céder sur leur territoire », explique Jean-Bernard Viven. « Un bon projet de transmission se travaille sur 4-5 ans pour permettre au cédant de partir serein et au repreneur d’être certain que l’affaire ne fera pas faillite six mois après la reprise parce que 50 % des repreneurs sont en reconversion. »

Un socle à reconstituer

Pour savoir la liste des entreprises à reprendre sur le territoire, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat est la porte d’entrée. Il est possible de prendre 24h/24 un rendez-vous en ligne sur cma-nouvelleaquitaine.fr. « C’est le Doctolib de l’artisanat », métaphorise Jean- Bernard Viven avec le sourire.

Une fois le projet défini, l’organisation accompagne sur tous les volets d’une entreprise, de l’avant immatriculation jusqu’à la transmission : business plan avec des prêts d’honneur auprès de partenaires financiers, choix du statut, administratif, comptabilité, communication numérique, RH, transition écologique, RSE, développement, embauche d’un salarié…

« On a également une offre de formation continue très large pour faire monter en compétences de manière diplômante et certifiée », ajoute le président. « L’objectif est d’avoir des chefs d’entreprises à la pointe de leurs activités, qu’on leur donne le plus de cartes possibles pour être indépendants dans leur gestion. »

La CMA a également créé un outil innovant pour les communautés de communes et les collectivités : un logiciel d’IA qui permet de savoir quel type d’entreprises est à implanter au mètre près. Grâce à un croisement d’indicateurs et de sources, le logiciel peut calculer l’impact d’une opération sur la zone de chalandise, le chiffre d’affaires, les perspectives d’emploi.

Tous ces services proposés doivent permettre de reconstituer un socle durable. En apparence, celui-ci semble solide : 46 % des entreprises du département sont en phase de maturité, c’est-à-dire avec plus de 10 ans d’existence. Or, 75 % des sociétés artisanales n’ont pas de salariés. Les générations futures sont moins formées par les anciennes, la perte de savoir-faire est un danger qui guette.

L’apprentissage en mouvement

« On a une ubérisation des métiers depuis le Covid », regrette Jean-Bernard Viven. « On n’a plus besoin de qualification : on a fait notre maison, on va en construire pour d’autres… En même temps, le Covid a amené des très bons profils d’adultes en reconversion qui ont fait un vrai choix de vie. »

Ce contingent bienvenu s’ajoute aux 1 500 apprentis sur les sites de Pau et de Bayonne. Une augmentation des effectifs d’1,5 % en un an et une capacité quasi maximale atteinte, indicateurs d’une bonne santé. « L’apprentissage redore ses lettres de noblesse », se félicite-t-il. « Les jeunes s’investissent pleinement dans des compétitions, sont passionnés et portent haut les couleurs de l’apprentissage avec fierté. On a à coeur de pouvoir former de la qualité et surtout faire trouver un emploi aux jeunes qu’on forme. » Il est là un des défis de la CMA, qui touche trois grands domaines (automobile, alimentaire, beauté et mode) : être en cohérence perpétuelle avec le marché et les besoins des professionnels pour ne pas avoir des apprentis sans débouchés.

« On souhaite mettre en place des investissements sur nos bâtiments pour être modulable. On veut également essayer d’augmenter notre capacité pour poursuivre au mieux la demande », se projette Jean-Bernard Viven. « Par exemple, demain, s’il y a une demande de cordonniers, on montera une session. »

Des places d’apprentissage sont disponibles dans certains métiers comme la boulangerie, la mécanique moto ou la couture. Les entreprises sont prêtes à signer des contrats. Les personnes intéressées peuvent contacter le 05 59 55 12 02 à Bayonne ou le 05 59 14 85 89 à Pau. La preuve que la Chambre de Métiers et de l’Artisanat est le garant de l’apprentissage et de la transmission des savoirs.