Le Passage Carnot, Pau
Le Passage Carnot, d’art et d’essai

Avec son architecture unique, le Passage Carnot est un lieu palois hors du temps où l’artisanat exprime tout son talent : mode, tatoueur, céramique, relieur… À l’aube des deux ans d’existence, ses locataires veulent impulser une dynamique encore plus forte.

Depuis les Halles de Pau, la remontée de la rue Carnot est à peine entamée. Des bruits de vie font naturellement tourner la tête vers la droite. S’offre alors un lieu atypique : une arche, un style industriel couleur ocre, une allée piétonne baignée de lumière où de grandes baies vitrées permettent d’observer les talents créatifs.

« Récemment, un petit garçon est entré dans mon magasin et a dit que c’était génial, qu’il se croyait presque dans un village entre le café, les ateliers et le jardin pour jouer. L’image est parfaite », citent les céramistes Marine Ploix et Madeleine Keep.

Depuis près de deux ans, le Passage Carnot, géré par la SPL Pau-Pyrénées, a été réhabilité pour accueillir des commerces et des ateliers-boutiques réservés aux professionnels des métiers d’art. Aujourd’hui, une quinzaine d’artisans donne corps à l’endroit : couturière, fleuriste, art-textile, bijoutière, céramistes, tatoueur, relieur, photographe. L’art a sa maison. L’atmosphère village se ressent parfaitement, loin du vacarme du centre-ville, pourtant à quelques mètres.

Entre osmose et émulation

« C’est le passage qui nous a fait revenir en ville car on a beaucoup plus de monde et on peut faire du walk-in », insistent les membres du collectif de tatoueur Soma, qui ont également une autre adresse à Ousse. Les visiteurs sont souriants. Ils prennent du plaisir à regarder les artisans travailler un bijou avec minutie, imaginer un vêtement de mode ou tirer ses clichés.

Car c’est la grande force du Passage Carnot : être au contact du créateur qui connaît parfaitement ses oeuvres, du matériau aux finitions. Une transmission directe du savoir-faire. « L’expérience de rencontrer des gens est géniale. C’est davantage enrichissant que fonctionner seulement par des achats en ligne. Ils peuvent notamment me faire découvrir de nouveaux livres », se réjouit Emmanuelle Rault, bouquiniste fondatrice d’Hent Store qui partage un local cet été avec Sandra, gérante de la friperie The Vintage Disciple.

L’osmose n’est pas seulement présente entre les artisans et les passants. Elle l’est aussi entre les locataires du lieu. Tous parlent d’un collectif et non d’un rassemblement. « Je suis à mon compte mais j’ai l’impression d’être avec les collègues ! Une vraie dynamique de groupe s’est créée », dit la couturière retoucheuse Laura Zagoury avec un large sourire.

Pendant les rares moments de pause, aucun reste dans son atelier. La balade dans les autres magasins est privilégiée pour un partage. « Au passage, on vient évidemment chercher de la visibilité », ne cache pas Florence Chenot, connue sous le nom de Mademoiselle Fleurs. « Mais d’échanger avec d’autres personnes m’a apporté une vraie source d’inspiration. On découvre les activités des autres, on s’apprend beaucoup de choses. »

Un terreau à fleurir

Jusqu’à même réaliser des collaborations éphémères. Par exemple, Laura Zagouli et Florence Chenot ont travaillé ensemble sur une robe fleurie. Un jeu concours va être prochainement organisé pour remporter des bons d’achat valables au Passage Carnot. Aujourd’hui, les artisans sont fiers d’être acteurs de ce lieu unique en son genre. Habitants de la première heure comme nouveaux arrivants sont enclins à faire prospérer cette dynamique. « J’aimerais bien organiser des ateliers participatifs, se déplacer hors des locaux », réfléchit la jeune illustratrice Fanny Demarais. « Il ne faut pas attendre que les gens viennent, mais aller vers eux. »

Avec le Studio Caldera, les céramistes Marine et Madeleine en font déjà. Les retours sont excellents. « Si on arrive à bien communiquer sur ces cours, c’est une bonne façon d’amener du flux pour toutes les activités. »

D’autres pistes sont à explorer : une meilleure signalisation depuis le centre-ville et les Halles pour indiquer le Passage Carnot, des cellules plus petites pour accueillir davantage d’artisans et former une véritable « fourmilière ». Actuellement, le collectif planche sur des événements qui pourraient devenir récurrents.

Estelle Gayon, créatrice de bijoux en laiton doré à l’or fin, évoque le fait qu’il faudrait réussir à toucher encore plus les personnes sensibles à l’artisanat. « C’est une clientèle particulière qui vient ici. Certes l’artisanat et le travail fait main amènent des prix plus élevés, mais nos clients y sont prêts pour avoir des pièces fabriquées en plus petit nombre voire uniques. Il faudrait donc créer des événements répondant à leurs recherches mais capables aussi d’attirer d’autres visiteurs pour faire encore mieux connaître l’artisanat ».

L’envie est là. Tous les artisans sont unanimes : ils sont heureux dans ce lieu et ne regrettent pas d’être venus y installer leurs activités. Car il n’existe pas deux endroits comme le Passage Carnot.

 

Les artisans et artistes présents au Passage Carnot
Bruno Faure : Atelier Religare (relieur-doreur) Laura Zagoury : Atelier ZAG (couturière) Diane Macgowan (art-textile) Eugenia Ortiz-Martin : Eugenia’s World (créatrice de mode) Patrice Martins De Barros : Passage Immersif (photographe) Thierry Coullez Armagnac : DTMC Production (vidéaste) Fanny Demarais (illustratrice) Florence Chenot : Mademoiselle Fleurs (artisane fleuriste) Madeleine Keep : Studio Caldera (céramiste) Marine Ploix : Studio Caldera (céramiste) Collectif 1280 (boutique de céramistes) Stéphane Tillos (brocanteur-antiquaire) Caroline et Gaëtan Cottereau Meurée et leurs artistes tatoueurs intervenants : SOMA (tatoueurs) Sandra Stephenson : The Vintage Disciple (friperie) Emmanuelle Rault : HENT STORE (bouquiniste) Estelle Gayon : Esthel Creations (bijoutière) AQUIU (café-épicerie-concert)

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