Chemin balisé vers les Grandes Écoles

L’amour de sa terre peut être viscéral. Étudiant à Sciences-Po Paris depuis 2018, Guillaume Dutheil, originaire du Vic-Bilh, a créé l’Association « Du Béarn aux grandes écoles ». L’objectif est double : ouvrir l’accès aux cursus prestigieux pour les jeunes du territoire et agir pour leur retour dans le Béarn, une fois diplômés.

« Le Vic-Bilh est la plus belle partie du Béarn et le Béarn est le plus beau territoire du monde ! » Guillaume Dutheil plante, sans détour, le décor. La terre béarnaise coule dans ses veines. Si l’appel du large a été fort avec une admission à Sciences Po Paris en 2018, le désir d’un retour au bercail l’est au moins tout autant. « Je me plais beaucoup dans la capitale », concède le jeune homme. « Cependant, je sens que ce n’est pas chez moi. Je ne suis pas totalement épanoui. Cela ne se joue pas dans la tête, mais le cœur. »

Il le sait, son cas n’est pas unique. Les embûches sont autant sur la route vers les grandes écoles que sur le chemin du retour. Guillaume Dutheil a alors eu l’envie d’apporter sa pierre à l’édifice.

« La première semaine, dans les couloirs de l’administration, je rencontre un jeune Orthézien, Hugo Longeas. On s’est dit que l’égalité des chances était une vraie problématique. Sur le modèle national existant « Des territoires aux grandes écoles », on a créé notre association à la sauce béarnaise. »

Lever les barrières sociales

Un état des lieux est réalisé pour définir un plan qui repose sur trois actions reliées. Guillaume Dutheil manie la métaphore rugbystique. « Ce trio d’actions, c’est un peu Dupont – Ntamack – Ramos. Il fonctionne très bien. Quand il en manque un, on le ressent. » L’intervention dans les lycées est le point de départ. Dans ce domaine, la diffusion de mauvaises informations est réelle.  « Les professeurs font un travail admirable mais ils ne peuvent pas transmettre le ressenti d’un étudiant », rapporte Guillaume Dutheil.

C’est là que l’Association entre en jeu. « Les interventions sont un moment fertile de rencontres. On délivre un discours global sur les encouragements qu’on peut donner à un lycéen pour ne pas s’autocensurer, aller chercher des renseignements. Elles fonctionnent comme un déclic. »

Le parrainage, deuxième étage de la fusée, est mis sur orbite. Le lycéen intéressé va remplir un formulaire. Il va être suivi par un des 250 membres de l’Association. Le dispositif est cousu main, de ParcourSup à la préparation des oraux. « On forme environ 80 binômes par an », salue le Président. « Très souvent, le contact se poursuit, même après l’accompagnement. »

Une aide au retour

Les barrières sociales sont levées. Il reste les barrières financières. Un système de bourses, via trois partenaires (Crédit Agricole Pyrénées Gascogne, Famille Michaud, Polyclinique Pau-Pyrénées), a été mis en place. Un jury, avec des personnalités académiques, analyse les candidatures complétées par une note des proviseurs des lycées. Chaque boursier est aidé à hauteur de 6 000 euros sur deux ans. « C’est une belle somme qui peut servir à beaucoup de choses. Actuellement, sept ex-lycéens l’ont reçue. On est en train d’en sélectionner quatre nouveaux. »

En parallèle, l’Association mène une démarche de retour au territoire. Des réunions annuelles, avec visites d’entreprises et culturelles, sont organisées. La mise en contact avec des spécialistes pour créer sa start-up est également prévue. « Le Béarn doit garder ses forces vives », justifie Guillaume Dutheil. « On veut mettre en avant son cadre de vie attrayant et sa dynamique économique pour faire revenir les actifs. » Aujourd’hui, forte de sa structure, « Du Béarn aux grandes écoles » continue sa progression. Toujours à la recherche de nouveaux partenaires et membres. Simplement fière du message envoyé. « On dit souvent que les jeunes Béarnais ne s’intéressent pas trop à leur territoire. Mais tous ses membres ont prouvé le contraire. La réussite, elle leur est attribuée. »

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