Entre incertitudes politiques et faible croissance, le point de conjoncture semestriel réalisé par la CCI Pau Béarn et la Banque de France et dévoilé le 30 septembre a présenté une photographie inquiète de la situation entrepreneuriale locale. Les patrons béarnais n’ont pas le moral.
Même porté par le secteur de l’aéronautique – qui tire l’industrie – et du tourisme, l’entrepreneuriat béarnais se tend et affiche une très grande vigilance devant des chiffres d’affaires et des carnets de commandes en recul. C’est dans ce contexte tendu, et dans un auditorium plein, flambant neuf et ultra-connecté baptisé Pierre Laulhère – du nom du premier président de la CCI Pau Béarn – que Didier Laporte, le président de la CCI Pau Béarn a introduit la conférence semestrielle CCI et Banque de France sur les perspectives économiques dans le Béarn et la Nouvelle-Aquitaine. Des données à juxtaposer aux chiffres nationaux, européens et internationaux présentés par Frédéric Cabarrou, le directeur départemental de la Banque de France. Soit une croissance mondiale à 3 % (un chiffre inférieur aux années covid), une croissance européenne à 1,2 % (exportations plus dynamiques que prévu), une croissance française en baisse à 0,7 % en 2025, avec une prévision 2026 à 0,9 % (données FMI juillet 2025 et BCE et BDF septembre 2025). « Pour 2026, les aléas de la croissance internationale et les risques climatiques peuvent conduire à une perte de 15 % du PIB mondial » analyse Frédéric Cabarrou.
Une situation préoccupante
« En France en 2025, l’inflation est à 1 %, avec un prévisionnel à 1,3 % en 2026. La confiance est un vecteur important. Le taux d’épargne des Français est à 18,9 % sur le dernier trimestre. Les Français épargnent au lieu de consommer et les entreprises diffèrent leurs investissements » résume encore Frédéric Cabarrou. « Il y a une défiance du Béarn envers l’économie – seulement 19 % de confiance chez les chefs d’entreprise. Ces derniers ont confiance en euxmêmes, mais seulement pour 68 % d’entre eux. 48 % d’entre eux se disent inquiets, 31 % méfiants » ajoute Didier Laporte, s’appuyant sur le baromètre EcoCCI et les 250 chefs d’entreprise béarnais interrogés.
Le Béarn inquiet
Tous secteurs confondus, les mots « inquiétude » et « méfiance » reviennent dans la bouche de (presque) tous les dirigeants. Conséquence concrète, « de moins en moins de chefs d’entreprise qui investissent » ajoute Didier Laporte. Les besoins en recrutement affichent une tendance baissière, 25 % des dirigeants seulement ayant exprimé des besoins en la matière. Dans le même temps, 63 % des patrons déclarent avoir eu des difficultés de recrutement. Très impacté par la situation politico-économique, le secteur de la construction – logements et TP – affiche une baisse d’activité de – 11,6 % ; le secteur du transport revoit ses effectifs à la baisse et 30 % des commerçants déclarent une détérioration de leur CA et du nombre de clients. Sur le podium des difficultés signalées par les chefs d’entreprise, le poids des charges arrive en tête (32 %), devant l’inflation (32 %) et la baisse de la demande (30 %). Dans ce contexte crispé, une petite lueur d’espoir ne vacille pas : le taux de chômage en Béarn reste inférieur aux moyennes nationales (6,1 % à Pau et 4,6 % à Oloron). ■ N.F
Frédéric Cabarrou quitte le Béarn
C’était son dernier point de conjoncture dans le 64. Après huit ans en Béarn, Frédéric Cabarrou, le directeur départemental de la Banque de France quitte les Pyrénées- Atlantiques. Lors du point de conjoncture à la CCI, il a annoncé sa mutation en Occitanie, à Montpellier, sur la succursale de l’Hérault, à compter du 1er décembre.


















0 commentaires