2022 fut une année charnière : des communes de montagne sont venues à manquer d’eau alors que cette ressource était jusqu’alors réputée inépuisable. L’AUDAP s’est proposée de réfléchir à des modalités de dialogue et d’intelligence collective associant les habitants, avec comme région pilote la Communauté des communes du Pays de Nay.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, la sécheresse de 2022 a bouleversé des certitudes : des communes de montagne, jusque-là réputées à l’abri, ont manqué d’eau. Face à cette nouvelle donne, l’Association pour le développement des espaces montagnards (AUDAP) a lancé une démarche participative visant à imaginer des réponses locales – démarche rendue possible par le programme Life Pyrénées4clima et conduite avec la Communauté de communes du Pays de Nay et l’Agence de l’Eau Adour Garonne (AEAG). Son nom : le LifeLab’eau.
Les trajectoires de l’eau
Les experts de l’AEAG prévoient une baisse de 20 à 40 % du débit des Gaves d’ici 2050, principalement liée à la disparition du manteau neigeux. Le réchauffement accru favorise aussi une évapotranspiration plus intense. Quant aux précipitations, si leur volume se maintient, elles pourraient tomber sous forme d’averses trop concentrées pour infiltrer les sols, compromettant la recharge des nappes. Les sources karstiques, souvent capricieuses, risquent par ailleurs de tarir lors de longues périodes sèches. Vingt habitants, mobilisés tout au long des cinq ateliers du Lab’eau, ont exploré ces trajectoires hydrologiques à l’échelle locale et identifié des leviers pour garantir l’accès à l’eau sur la durée.
Une trame citoyenne pour le vivant
De leurs travaux est née l’idée d’une « trame citoyenne pour le vivant » : encourager la désimperméabilisation des sols, y compris sur des parcelles privées, pour recréer des continuités naturelles au coeur des zones bâties. Si la collectivité s’en saisit, cette proposition devra être précisée et déclinée. Parmi les pistes retenues, la cartographie des zones d’intérêt hydrologique a émergé comme un outil clé. Les participants, dont plusieurs agriculteurs et éleveurs, ont pointé des lieux stratégiques de régulation – et des espaces devenus plus vulnérables (coulées de boue, glissements). Ils ont suggéré d’expérimenter, sur des terrains communaux à vocation pastorale et forestière, des pratiques de gestion favorisant l’infiltration.
Bilan provisoire
Malgré la technicité des sujets et les débats qu’ils suscitent, le LifeLab’eau, qui s’est tenu de mai à juillet 2025, a montré que la gestion de l’eau peut faire l’objet d’un travail constructif entre habitants et collectivités. Les cinq rencontres, suivies et formatrices, ont mobilisé en moyenne treize heures par participant. La Communauté de communes du Pays de Nay, fortement impliquée, juge l’expérience positive ; les habitants se disent prêts à poursuivre pour concrétiser leurs propositions. ■ C.N.


















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