En 10 ans, la société Flex-On, basée à Morlaàs, est devenue le leader mondial de l’étrier et une place forte de l’équipement équin. Une prouesse réussie grâce à l’inventivité de Laurent Bordes, de son épouse Caroline et de leurs collaborateurs. Leur nouveau casque Armet ouvre des perspectives inouïes.
Au fond de la zone Berlanne à Morlaàs, derrière les murs orange criant, difficile d’imaginer qu’un leader mondial s’y cache. À l’entrée, pas de signes ostentatoires. Seul un tableau avec un étrier, accroché au mur, donne un indice sur l’activité.
Laurent Bordes, look décontracté, descend les escaliers tout sourire. L’homme de 51 ans peut l’avoir. Avec son épouse Caroline, il est à la tête de Flex-On, spécialisé dans l’équipement équin. Autour d’une équipe familiale de 11 salariés « issus d’un réseau proche », l’entreprise béarnaise s’y est imposée comme un acteur fort. « Après une année 2023 compliquée notamment à l’export, on approche des 5 millions d’euros de chiffre d’affaires », se félicite le dirigeant. « On récolte les fruits de 10 ans de travail. Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient. »
Un repas de Nouvel An est à la genèse de Flex-On. En discutant avec des amis cavaliers, le passionné de sport se rend compte des pratiques d’équitation traumatisantes pour les corps. Il se lance avec Caroline. Pendant qu’elle y travaille à temps plein, Laurent Bordes gère l’entreprise familiale de soustraitance aéronautique. La liquidation de celle-ci en 2015 le pousse à déployer son énergie sur Flex-On.
L’innovation, clé du succès
Pas de trop pour ouvrir les portes d’un monde tenu par quelques groupes. « Dès le début, on a participé au Spoga Horse à Cologne, messe de toutes les marques équestres. Personne ne nous disait bonjour et nous prenait au sérieux. On était avec notre bébé dans la poussette et on ne participait pas aux soirées », se souvient-il.
Mais l’homme croit en son projet. L’aval de Nicolas Touzaint, qui a disputé plusieurs Olympiades, le renforce dans ses convictions. Laurent Bordes s’appuie sur deux avantages : son côté ingénieux et son absence de prérequis équestres. Face aux traditions, l’homme se démarque.
Ses talents de dessinateur, hérités de son père, accouchent de son imagination. « Rien ne sert d’inventer l’eau chaude, l’idée était de transposer des technologies existantes comme les élastomères », pondère le Béarnais. « Par exemple, les ressort silent blocs, qui absorbent les chocs, sont utilisés dans les moteurs de voiture pour empêcher les vibrations. » Le pas de côté interpelle et attire. Aujourd’hui, la marque est exportée dans 52 pays qui couvrent les marchés européens, nord-américains et asiatiques.
La qualité made in France
Du débutant au champion olympique, tout le monde peut s’équiper en étriers et selles Flex-On. Avec la qualité en point d’orgue. Les matières premières sont minutieusement choisies : le cuir est notamment acheté dans une tannerie du groupe Chanel.
L’entreprise, qui ne fabrique que sur commande, s’appuie sur une étiquette made in France. Laurent Bordes en est un fervent défenseur. « Notre pays est capable de fabriquer de beaux objets. Le seul bémol, c’est qu’on a laissé partir l’industrie et la technologie. Avoir tout en local, c’est beaucoup plus simple. On arrive à sortir des produits hyper attractifs et on maîtrise tout. » Comme le dernier né chez Flex-On, le casque Armet. Laurent Bordes voulait sortir sa marque de l’identité de fabricant d’étriers et être reconnu comme équipementier. La création est réalisée avec une entreprise de Lourdes, experte en la matière, qui travaille pour Petzl.
Des possibilités à l’infini
Le casque certifié, composé d’une forme de tête universelle et d’un système LAC qui protège la nuque, est parti pour être une révolution. « En un mois et demi, on a fait 1 200 pièces. On a revu le plan pour en produire 5 000. L’an prochain, on va avoisiner les 15 000 ! »
Le casque Armet s’est même affiché sur Times Square. Un joli coup de communication… à 40 dollars. Le bon sens pour Laurent Bordes, présent à Big Apple. « J’étais euphorique ! Le casque va être le 2e étage de la fusée. Je me souviens de notre démarrage où je nettoyais chaque pièce usinée à la maison. On a parcouru du chemin mais on n’est pas encore arrivé sur la Lune. ».
Laurent Bordes sait que le potentiel de Flex-On est loin d’être maximisé. Dans sa folie imaginative, ses équipes le suivent. Un étrier à 40 grammes, une veste airbag, des boutiques pop-up, la sortie et l’entrée d’investisseurs sont des projets à court terme. Le Béarnais a même le souhait d’ouvrir la marque à l’outdoor. « J’ai effectué des tests pour des planches de surf. Je recherche toujours l’innovation. Faire comme les autres ne m’intéresse pas. » Flex-On est à l’image de sa philosophie : unique.
Site internet : www.flex-on.fr
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