D’ici 2035, la consommation globale de gaz sera plus propre en France. C’est une des prévisions réalistes établies par Teréga, GRDF et GRT Gaz.
Et si le gaz, énergie fossile par excellence mal considérée par la population, devenait un pilier de la décarbonation ? Les gestionnaires de réseaux français sont dans cette optique. GRDF, GRT Gaz et le Palois Teréga ont présenté à Paris le plan « Prévisions Gaz » à l’horizon 2035.
D’emblée, le cadre a été posé par Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF. « Le pays peut compter sur le gaz pour décarboner le mix énergétique. Nous avons des ambitions climatiques fortes dans les prochaines années. »
Les infrastructures pour développer la filière du gaz renouvelable et bas carbone sont déjà prêtes. La capacité de production devrait être multipliée par cinq d’ici 2030. La production atteindrait 120 térawattheures en 2035. Elle serait assurée en grande partie par les méthaniseurs, dont 80 % traitent des déchets agricoles.
Des décrets salvateurs
« Le renouvelable dans la consommation totale de gaz en France passera de 20 à 40 % entre 2030 et 2035 », espère Dominique Mockly, PDG de Teréga. Le biogaz est une donnée majeure dans cette réussite. Seule énergie renouvelable à avoir atteint ses objectifs de développement notifiés dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie, un décret sur des certificats de production est sorti cet été. « Cette décision est très importante car elle va permettre de tirer vers le haut l’ensemble de la filière et d’avoir des clients qui vont pouvoir acheter les productions », se réjouit Sandrine Meunier, directrice générale de GRT Gaz.
D’autres outils vont apporter leur pierre à l’édifice : l’hydrogène avec le projet H2Med d’un réseau européen, la gazéification hydrothermale et la pyrogazéification pour traiter les boues d’épuration. « La mobilisation de la bioénergie sera importante pour obtenir la neutralité carbone », ajoute Laurence Poirier-Dietz.
Des variables d’ajustements
Dans la constitution du plan, les trois gestionnaires ont fait le choix de faire des scénarios réalistes. Ils tiennent compte des aléas qui pourraient faire varier à la hausse la consommation. « Le gaz est un vecteur central de l’industrie », insiste Dominique Mockly. « On ne peut pas totalement contrôler, ni prévoir son utilisation d’énergie ». Le secteur du bâtiment et les mobilités, avec une croissance estimée moins grande du bioGNV dans un avenir proche, sont aussi des domaines sensibles aux imprévus.
Néanmoins, grâce notamment aux particuliers, les premiers efforts de sobriété ont été fournis. La baisse de consommation va se poursuivre avec une moyenne à -2,9 % par an. « Les compteurs gaz communicants permettent à nos 11 millions de clients de trouver les solutions pour gagner en efficacité énergétique », explique la directrice générale de GRDF.
Le parc à chaudières, moins moderne que dans d’autres pays européens tels que les Pays-Bas et l’Allemagne, peut être un levier simple à activer. « Si on incite les Français à changer leur équipement, ils gagneront en efficacité et en consommation. C’est un moyen de décarboner méconnu, mais efficace. »
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